Le soleil du mars,
la mère aguichante,
m’a adoptée.
Son eunuque
m’a emmenée
à sa chambre à coucher où
une lumière rouge clignotait
et une odeur humide échauffait la gorge.
J’étais seule
quand le linge blanc de son lit
se fermait sur les seins.

« Je ne suis pas un ange », je dis à mes anges. Et je raconte :
J’ai mangé beaucoup de Chair, Œufs, Poissons.
J’ai bu beaucoup du lait de maman vache. Et que je ne suis pas un veau.
J’ai fait pleurer ma mère, mon père, mes amoureux, mon mari.
J’ai étranglé l’espoir dès que je l’ai empoigné.
J’ai pris la liberté de mes chats.
J’ai donné la peine aux terres vierges où j’ai mis mes pieds.
J’ai fixé mes yeux aux nids cachés des oiseaux,
dans les forêts oubliés.
Mon souffle qui monte au ciel n’est jamais bleu.
Mon haleine n’est pas faite de fleur.
À la naissance,
J’ai déchiré ma mère.
Je suis née dans son sang.
Je raconte et je raconte…
Mais mes anges
battent des ailes à la folie
dès que j’ouvre ma bouche.
Le fumet de ses ailes me donne l’appétit.